Sông de Hai-Anh

Sông en vietnamien veut dire "vivant", "en vie". Le titre de ce roman graphique raconte la vie de Linh, qui a aujourd'hui 70 ans. Très connue au Vietnam, Linh est réalisatrice et scénariste de longs métrages récompensés dans de nombreux festivals comme Le cirque ambulant (1988), L'Immeuble (1999), Mê Tchao, il fut un temps (2002). 

Sông se focalise surtout sur les sept ans que passa Linh dans le maquis et présente ainsi le témoignage d'une jeune fille engagée dans l'histoire du Vietnam. 

Débutés en 2018, les entretiens entre Hai-Anh et sa mère se sont poursuivis sur trois-quatre ans. Sông est paru en 2023.  

Résumé - impressions :

Hai-Anh rend visite à sa mère Linh qui habite Hô Chi Minh Ville. Depuis quelques temps, elle l'interroge sur sa jeunesse afin de comprendre l'histoire de sa famille et du Vietnam. Linh lui livre ainsi des parties de sa jeunesse.    

1969, Linh a 16 ans, elle vit chez sa tante à Saïgon. En pleine guerre du Vietnam, une nuit, un agent de liaison se présente au domicile. Le père de Linh est de retour et il veut rencontrer sa fille qu'il n'a jamais vu. Linh se retrouve à voyager de nuit pour aller à sa rencontre. Elle y retrouve son père et son oncle. Rapidement pour construire une relation avec son père, elle décide de rester dans le maquis...

En plusieurs chapitres, tous intitulés par un verbe comme rencontrer, regretter, cuisiner, se séparer, se blesser, filmer, aimer, comprendre et pardonner, s'isoler, se tatouer, Ain-Anh raconte l'histoire de sa mère et de la guerre du Vietnam. En effet Linh resta sept ans dans le maquis auprès du Front national de libération (FNL) qui dirige la lutte révolutionnaire armée au sud du Vietnam.

Le Vietnam est alors coupé en deux au 17ème parallèle en Vietnam du nord et Vietnam du sud. Le Vietnam du sud est envahi par les Américains en 1965. Plusieurs zones seront partiellement occupées dans le sud par le FNL dont la plaine des joncs où se trouvent Linh et son père. Le gouvernement sud-vietnamien tombera en 1975 avec la chute de Saïgon et le départ des Américains. Un régime communiste sera alors mis en place.  

L'histoire commune du Vietnam est surtout cinématographique avec une vision américaine. Ici, le témoignage de Linh est rare, féminin, intime car peu de combattants parlent de cette période. Le dessin avec ses couleurs vives et ses aplats édulcorent les faits racontés. La jungle nous paraît luxuriante et nous fait oublier les images de guerre souvent dramatiques. Le dialogue continue entre Ain-Anh et sa mère nous projette dans l'après-guerre et comment Linh a évolué après cette période. Reste à Ain-Anh à construire sa vie entre la France et le Vietnam.   

Un récit historique touchant avec des aller-retour entre le passé et le présent, où la liberté du choix de vie est toujours possible.