Parle-leur de batailles, de rois et d'éléphants de Mathias Enard

Parle-leur de batailles, de rois et d'éléphants relate une brève période (réélle ou imaginaire ?) de la vie de Michel-Ange, l'immense artiste de la Renaissance italienne.

L'histoire débute le 13 mai 1506 pour se terminer aux alentours du 24 juin 1506, fête de la Saint Jean-Baptiste.

 

Ici, nous découvrons une autre facette de Michel-Ange. Connu pour ses sculptures (La Piéta, David) et ses peintures (Tondo Doni, voûte de la Chapelle Sixtine, Le Jugement dernier), l'artiste nous apparaît dans son humanité, il redevient un homme de chair et de sang.

Il a pris la décision de répondre à l'invitation du sultan Bayazid afin de construire un pont sur la Corne d'or. Michel-Ange, architecte ? Il n'a jamais construit de pont jusqu'à présent.

L'artiste va s'imprégner de cet orient qu'il découvre, de ses senteurs, de la ville, de son effervescence, de son équilibre entre les religions pour soumettre sa réalisation et dépasser (il espère) le génie de Léonard de Vinci.

 

Mathias Enard dans une langue poétique, subtile, nous entraine dans le sillage de Michel-Ange. Sa connaissance du monde ottoman, du persan et de l'arabe crée toute une musicalité où la paix semble s'être installée sur les rives du Bosphore.

 

Parle-leur de batailles, de rois et d'éléphants a reçu le prix Goncourt 2010. 

 

 

Résumé - Impressions :

 

Le 13 mai 1506, Michel-Ange débarque dans le port de Constantinople. Il vient de faire six jours de navigation depuis Florence. Il y a laissé ses frères, A. de Sangallo maître architecte et le pape Jules II établi à Rome dont il doit réaliser le mausolée de son tombeau.

Presque sur un coup de tête, face au refus de Jules II de le recevoir et de répondre à ses demandes de fournitures, il s'est embarqué. Michel-Ange est accompagné par un marchand Giovanni di Francesco Maringhi, Florentin, établi à Istanbul depuis cinq ans. Il s'installe dans une de ses chambres. Sur un carnet, il note des mots, des dépenses. Manuel, le traducteur va petit à petit lui faire découvrir Constantinople ainsi que Mesihi de Prestina, un poète, secrétaire du vizir Ali Pacha. Michel-Ange se laisse peu à peu emporter par la sensualité de l'orient, apparue dans la grâce d'une danseuse...

 

Inspirée de traces historiques, l'invitation du sultan est relatée par Ascanio Condivi (ami et biographe de Michel-Ange). Le pont de Léonard de Vinci existe sous forme de dessin, les lettres de Michel-Ange à ses frères sont authentiques (elles ont été traduites par l'auteur), les plans de Sainte-Sophie sont au Vatican, l'inventaire des objets de la chambre a été retrouvé ainsi que le projet du pont. Le printemps 1506 garde cependant tout son mystère.

 

L'auteur a su recréé toute une ambiance en s'appuyant sur des archives. Ce roman présente donc une parenthèse dans la vie de Michel-Ange, cet homme de l'occident chrétien qui va se trouver déstabilisé dans un monde dont il ne connait pas les coutumes et les codes.

 

Un magnifique voyage dans le temps !

 

 

Pour aller plus loin :

 

La Perfection du tir

Bréviaire des artificiers

Remonter l'Orénoque

Zone

 

 

Le titre du roman est inspiré de l'introduction d'Au hasard de la vie de Kipling.

"Puisque ce sont des enfants, parle-leur de batailles et de rois, de chevaux, de diables, d'éléphants et d'anges, mais n'omets pas de leur parler d'amour et de choses semblables."

 

Découvrez La Chapelle Sixtine en grandeur presque nature !

 

Photographie de la Mosquée Sainte Sophie, Pascal Sebah, 1880 [domaine public]