La Bête de Chabouté

Des traces de pas dans la neige, des taches de sang en bordure d'une lisière de forêt. Une atmosphère inquiétante basée sur le noir, le blanc, le gris et le titre de l'album en rouge La Bête.

Cette page de couverture nous plonge dans un des récits de Christophe Chabouté. Celui-ci est paru en 2002. L'auteur qualifie lui-même cette histoire comme un polar avec des accents de fantastique. 

Chabouté, d'origine alsacienne, a publié ses premières planches en 1993.

   

 

Résumé - Impressions :

 

Un lapin s'enfuit à toutes jambes dans une forêt. Il est poursuivi, il sent le danger. Très vite, une bête énorme le saisit dans sa gueule. Un braconnier s'obstine à trouver la trace du lapin mais il est lui aussi rattrapé et meurt sous les griffes de l'animal. Au café-hôtel du village de montagne, c'est l'émoi. Une voiture vient d'arriver. L'inspecteur Tarpon a été chargé de mener l'enquête. Mais très vite, la neige bloque le passage du col. Le village se retrouve donc isolé du reste du monde...

 

Christophe Chabouté n'a pas son pareil pour distiller une atmosphère de suspens qui va crescendo au fil des pages. Les huit premières pages sont silencieuses. Nous sommes en pleine forêt, la nuit, le lapin fuit, la mort rôde. Nous imaginons que la neige étouffe les sons, les bruits. L'atmosphère est pesante, angoissante.      

Puis nous basculons dans un huis clos. Le village est inaccessible. Les meurtres continuent. Les villageois accusent la meute de loups qui a été réintroduite et ils veulent faire une battue. Cependant, la progression de l'enquête de l'inspecteur est plus que mystérieuse : des griffes de plus de vingt centimètres, des poils accrochés aux arbres à plus de deux mètres de haut et des blessures spectaculaires. Des croyances dans le diable, les superstitions refont rapidement surfaces, encourager par des vieilles bigotes. La folie guette, la peur s'installe...

 

Par son dessin en noir et blanc, sans texte, les images de Chabouté se suffisent à elle-même. Il crée ainsi ces ambiances mais le dessin n'a pas droit à l'erreur. Il doit être impeccable. L'encre de Chine, la plume, le pinceeau sont ces armes favorites pour suggérer l'émotion. Encore une fois, en s'inspirant de croyances populaires et de la trame de la bête du Gévaudan, Chabouté nous entraîne dans un monde hors du temps au prise avec ses traditions.  

 

 

Pour aller plus loin :

 

Sorcières

Quelques jours d'été

Zoé

Pleine lune

Un peu de bois et d'acier

Costruire un feu

Henri Désiré Landru

Les Princesses aussi vont au petit coin

 

 

Entretien avec Chabouté pour L'Express lors de la sortie de l'album

 

 

 

Gravure Attaque de loup-garou, 19ème siècle [Domaine public]