La Nuit tombée de Antoine Choplin

Pripiat/ IAEA Imagebank, 2005 [Licence Creative commons]
Pripiat/ IAEA Imagebank, 2005 [Licence Creative commons]

Antoine Choplin, un auteur discret mais qui a le pouvoir en quelques mots de nous transporter dans son univers. 

Avec La Nuit tombée, prix France-Télévisions 2012, Antoine Choplin nous emmène en Ukraine, jusqu'à la ville de Pripiat. 

 

Pripiat se situe à 3 km de la centrale nucléaire de Tchernobyl. La ville est donc située dans la zone d'exclusion des 30 km autour de la centrale suite à la catastrophe nucléaire du 26 avril 1986.    

 

 

Résumé - impressions :

 

Gouri vient de quitter Kiev. Il a pris sa moto et une remorque et roule en direction de Chevtchenko.

Il est quatre heures de l'après-midi. Il devrait arriver dans la nuit chez Iakov et Vera, un couple d'amis. Cela fait deux ans qu'il n'est pas revenu en ces lieux. Tout semble à l'abandon, les maisons sont effondrées ou murées, les routes ne sont pas entretenues, la végétation a repris ses droits. Vera l'accueille chaleureusement. Iakov, lui, est alité, très faible avec des pansements sur le corps et une toux persistante. Il a été avec Gouri, un des liquidateurs au moment de l'accident de la centrale nucléaire. Mais pourquoi Gouri revient-il dans la zone interdite ?  

 

Avec un style épuré, Antoine Choplin décrit le ressenti des personnes qui ont vécu la catastrophe. Une catastrophe où comme en temps de guerre, il a fallu évacuer dans l'urgence devant un ennemi invisible. Et cet ennemi est toujours là. La forêt est remplie de césium, la poussière dans Pripiat est partout. Il faut éviter à tout prix de la toucher et de la respirer. Gouri découvre tout cela lorsqu'il revient à Pripiat, la ville du temps heureux où il séjournait avec Teresa, sa femme et Ksenia sa fille. Il retrouve le parc, la grande roue, son HLM dévasté. Une vie abandonnée dont quelques affaires et objets ont pu être emmenés, en souvenir. Le temps d'un instant, la ville fantôme retrouve un peu d'humanité.   

Certains ont tenté de se reconstruire un avenir ailleurs, tel Gouri et sa famille. D'autres sont restés dans l'espoir de revenir, chez eux. 

 

Antoine Choplin trouve les mots justes, des gestes simples, des non-dits et des silences pour exprimer avec pudeur le malheur qui a frappé toute une ville et ses alentours. Un rayon d'humanité dans un lieu déshumanisé.

 

 

Pour aller plus loin :

 

Radeau

L'Impasse

Apnées

Cours Nord

Le Héron de Guernica

Les Cargos glissent à l'horizon des rues

Partiellement nuageux

Une Forêt d'arbres creux

Quelques jours dans la vie de Tomas Kusar

A contre-courant  

 

Un article sur Pripiat : la ville brisée, 31 ans après la Tchernobyl dans Natura-Sciences, 2018 

 

Pour en savoir plus sur Antoine Choplin, un écrivain talentueux et discret, un article de L'Express du 15 mars 2010.