Groenland - Manhattan de Chloé Cruchaudet

Groenland - Manhattan relate une histoire vraie survenue à la fin du XIXème siècle. L'époque était aux "souvenirs vivants" reflétant l'idéologie coloniale et raciste validée par la politique et la science.

 

Minik Wallace fut un objet exotique, écartelé entre son prénom inuit, donné par son père et son nom de famille, celui de la famille qui s'est chargée de lui à la mort de son père à New-York. Une double culture involontaire et tristement difficile à assumer.

 

Groenland - Manhattan a été écrit en 2008.

 

 

Résumé - Impressions :

 

En 1897, au Groenland, l'Américain Robert Peary ordonne l'embarquement d'un énorme bloc de météorite à bord de son bateau. Il remercie les Esquimaux qui l'ont aidé et notamment Qisuk, qui a un petit garçon du prénom de Minik. Le petit garçon souhaite lui aussi offrir un cadeau. Le temps de le remettre, ils montent à bord du bateau, cet "énorme kayak". Minik s'interroge alors où va partir cet engin. Peary lui parle de soleil, de chaleur, d'immeubles. Voyant qu'il n'est pas cru, il décide d'emmener Qisuk et son fils ainsi que trois autres Esquimaux à New-York...

 

Les rêves de gloire d'un explorateur qui veut planter le drapeau des Etats-Unis au Pôle nord éclipse totalement son humanité. Honneur et succès sont les moteurs de sa vie, peu importe celle des autres.

Le déracinement des Esquimaux n'est donc pas anormal puisque ce sont des "sauvages polaires". Toutefois, Peary n'aurait pas pu survivre sans eux au Groenland.

L'histoire de Minik a marqué toute une communauté, un imaginaire désormais puisque personne n'a réellement connu Minik à l'époque. Mais il est le symbole du diktat des blancs tout comme la destruction d'Uummannaq, le village d'origine de la famille de Minik, en 1953 en pleine guerre froide pour établir une base militaire. La population a été déportée à 150 km plus au nord, à Qaanaq.

 

Qisuk, Nuktaq, Attangana et Aviaq reposent au cimetière de Qaanaq depuis 1993. "Nunamiut utériut" est inscrit sur leur tombe : "ils sont rentrés chez eux", une bataille de 90 ans pour que le Museum d'histoire naturelle de New-York accepte de rendre les corps à la communauté esquimaux. 

Minik mourut à New-York en 1918 de l'épidémie de grippe.

 

 

Pour aller plus loin :

 

Découvrez le site de Matthew Henson, le bras droit de Robert Peary où il relate ses aventures dans le Grand Nord.

 

Sur le projet Gutenberg, à lire "The North pole" de Robert Peary et "A Negro explorer at the north pole de Matthew Henson.  

 

Un documentaire a aussi été réalisé par Delphine Deloget : "Qui se souvient de Minik"

 

 

 

Photographie Minik in New-York, Larsen Lennart, 1897 [domaine public]