Au revoir là-haut de Pierre Lemaitre 

En ces temps de commémorations de la guerre 14-18, de nombreux livres sont édités. Ils font suite à ceux déjà fort nombreux que nous connaissons : Le Feu de Henri Barbusse, Ceux de 14 de Maurice Genevoix, A l'ouest rien de nouveau de E.M. Remarque, Les Champs d'honneur de Jean Rouaud, 14 de Jean Echenoz... Alors Au revoir là-haut, un énième livre sur le souvenir de la première guerre mondiale ?

Le titre Au revoir là-haut est emprunté à la dernière lettre d'un soldat, Jean Blanchard, fusillé injustement, adressée à sa femme. Aux millions de morts, s'ajoutent les morts-vivants qui sont revenus et qui ne seront plus jamais comme avant et qui ne pourront jamais oublier ce qu'ils ont vu et vécu. Parmi les survivants, deux soldats font différents : Albert Maillard et Edouard Péricourt. Ils n'auraient jamais dû se croiser et pourtant leur destin va être scellé à jamais.

Pierre Lemaitre délaisse le roman noir pour faire une incursion dans le roman picaresque à consonance politique. Publié en 2013, Au revoir là-haut reçoit le Prix Goncourt et se vend la même année à 500 000 exemplaires.      

Résumé - Impressions :

Deux novembre 1914, quelques jours avant l'Armistice. Déjà les rumeurs d'une paix proche circulent. Mais à la cote 113, un jeune lieutenant d'Aulnay-Pradelle veut encore en découdre. Il veut lancer une ultime attaque pour favoriser sa carrière militaire. Utilisant une supercherie, l'assaut a lieu. Albert Maillard fait parti des soldats. Il s'écarte de l'axe de front et se retrouve dans un trou d'obus aux yeux d'Aulnay-Pradelle qui ne bouge pas pour l'aider. Un second éclat d'obus fait qu'Albert se retrouve en quelques instants enterré vivant. Heureusement, un jeune soldat de 23 ans, Edouard Péricourt s'en aperçoit et se porte à son secours mais un obus défigure Edouard... 

Pierre Lemaitre tisse une fresque sur l'après-guerre, après la joie de l'Armistice et sur cette génération perdue. La France glorifie ses Morts mais l'Etat est incapable de répondre aux demandes des familles qui veulent rapatrier les corps de leurs enfants. Les soldats démobilisés errent dans la crainte, le froid et la faim. Albert est de ceux là. La Banque ne l'a pas repris. Il se débrouille comme il peut pour survenir à ses besoins et à ceux d'Edouard, Edouard qui n'a pas voulu rentrer dans sa famille, ni se faire opérer. Ses souffrances sont calmées par des doses de morphines. De simple connaissance au front, ils sont devenus amis d'infortune. 

Mais la guerre a toujours été favorable aux affaires. D'Aulnay-Pradelle ne s'y est pas trompé, en remportant les marchés de l'Etat concernant les cimetières militaires. Edouard non plus en proposant ses dessins pour les souvenirs et les Monuments aux morts.    

Néanmoins, sous le patriotisme, gronde le scandale de deux arnaques amorales.

Imposture, vengeance, revanche, solitude, humour, cruauté mais aussi fraternité traversent ce roman aux accents d'un carnet de guerre d'un soldat.    

D'une écriture près du réel, avec des portraits haut en couleur, Pierre Lemaitre rend hommage à tous ceux qui sont revenus.