L'Homme du lac de Arnaldur Indridason

"Le devoir de tout écrivain est de parler de sa société sans l'embellir ni l'avilir. Pour ce faire, il peut remonter n'importe où dans le temps." 

                                             Arnaldur Indridason

Ancien journaliste, diplômé d'histoire, scénariste, critique de cinéma, écrivain, Arnaldur Indridason a plus d'une corde à son arc. Cet Islandais s'est imposé au fil de ses romans  comme le maître du polar islandais et comme un défricheur de la mémoire collective de son pays.

De romans en romans, il aborde les maladies génétiques spécifiques à l'Islande, l'occupation américaine avec la base militaire présente depuis la guerre froide, les influences communistes, les enjeux géopolitiques est-ouest, l'oppression danoise, les sagas islandaises, le krak financier de 2008, les violences domestiques...

L'Homme du lac ne fait pas exception. Sorti en 2008, le livre est une enquête du commissaire Erlendur Sveinsson et revient sur le passé communiste durant la guerre froide de nombre de ses compatriotes.

L'Homme du lac a reçu le Prix du polar européen 2008.

Résumé - impressions :

Un squelette est retrouvé au fond du lac sablonneux de Kleifarvatn, à vingt-cinq kilomètres au sud de Reykjavik par une hydrologue. Le crâne est percé. Aussitôt, elle téléphone à la centrale d'urgences pour signaler sa découverte. Avec la sécheresse, l'eau du lac a baissé. Un tremblement de terre a fini d'enlever l'eau qui restait en 2000, faisant émerger un squelette lesté par un émetteur radio recouvert d'inscriptions en caractères cyrilliques à demi effacés. L'enquête est confiée au commissaire Erlendur qui s'intéresse en priorité aux disparitions non élucidées depuis les années 1960...   

Le taciturne Commissaire Erlendur Sveinsson suit son instinct aidé par deux acoytes Sigurdur Oli et la jeune Elinborg qui rêve que son ouvrage de cuisine ait du succès. Parmi les disparitions inexpliquées, celle d'un représentant en machines agricoles possédant une Ford Falcone fascine Erlendur.  

Progressivement, nous découvrons les pratiques d'espionnage des années 1950 où les Etats-Unis et les ambassades du bloc de l'est dont celle de l'ex-RDA et de l'URSS usaient de la manipulation, du pouvoir, du chantage.

Mensonges, trahisons, délation, jalousie détruiront une belle histoire d'amour qui ne survivra avec le temps que grâce à Tomas, jeune étudiant prometteur dans les années 1950, venu recevoir l'apprentissage communiste à Leipzig et désireux d'instaurer une société égalitaire en Islande. L'envers du décor ne sera que plus rude à accepter. 

L'enquête démarre en douceur et progresse pièces après pièces. Des retours dans le temps nous en apprennent plus sur l'histoire contemporaine de l'Islande et de l'enjeu qu'a pu jouer ce pays dans la guerre froide. Traces et vestiges constituent autant d'indices collectés méticuleusement par le commissaire. Ce dernier continue à être hanté par son enfance rurale, la disparition de son petit frère et ses relations conflictuelles avec son fils Sindri Snaer  et sa fille Eva Lind. Un personnage en soi. 

Un polar au suspens retenu, sur un pays presque ordinaire où l'espionnage était omniprésent.