Le Faux soir de Denis Lapière, Daniel Couvreur et Durieux Christian

Le Faux soir/ Denis Lapière, Daniel Couvreur et Christian Durieux.- Futuropolis, 2021
Le Faux soir/ Denis Lapière, Daniel Couvreur et Christian Durieux.- Futuropolis, 2021

La Belgique est occupée par les Allemands depuis 1939. En 1943, dans un de ses tracts, le Front de l'Indépendance (FI), un organisme de résistance belge, fait appel à l'imagination de ses compatriotes pour commémorer le 11 novembre. En effet, cela va faire vingt-cinq ans que l'Armistice de 1918 a été signée, actant ainsi la défaite allemande. Mais que faire qui soit porteur au delà du réseau de résistance ?

 

Le Faux soir relate en bande dessinée, cette aventure courageuse initiée par quelques personnes et rappeler à notre souvenir par Daniel Couvreur, journaliste au Soir, Denis Lapière, scénariste, Christian Durieux, dessinateur et Sébastien Gnaedig, le porteur du projet aux Editions Futuropolis.  

 

 

Résumé - Impressions :

 

10 septembre 1943, René Noël dit Jean, chef de la section presse du FI Brabant-Hainaut et Marc Aubrion qui sera Yvon, se rencontrent. Jean recrute Yvon et le charge de concevoir et d'écrire un journal d'informations dans l'imprimerie clandestine du réseau. Un mois plus tard, la résistance appelle à la mémoire du 11 novembre par un acte de résistance. Yvon pense alors rédiger un texte "bien senti" pour tourner en ridicule les nazis allemands et les collaborateurs. Petit à petit, l'idée d'un journal entier, imitant Le Soir, le quotidien de référence en Belgique francophone, tombé aux mains des Allemands au début de la guerre, fait son chemin...     

 

Un petit groupe d'hommes s'organise alors pour rédiger les textes mais aussi trouver une imprimerie, de l'argent, du papier au format du journal du Soir, des typographes professionnels, des livreurs pour acheminer les journaux, des cafetiers et des kiosquiers pour entreposer le journal jusqu'à la date voulue. Le Faux soir est pensé comme un Soir emboché pour "se rire de l'oppression". Canulars, dessins humoristiques, fausses petites annonces, articles rédigés dans l'esprit zwanze bruxelloise (humour gouailleur proche de l'autodérision associé à Bruxelles) vont permettre un grand éclat de rire collectif tant dans les réseaux de la résistance belge et londonienne qu'auprès des habitants belges.

 

Dans toute guerre, l'information est stratégique. Celui qui la contrôle peut diffuser des informations de propagande pour asservir encore plus les populations. La liberté d'expression est alors une valeur à protéger et à préserver autant que possible. Dans le Faux Soir, pas de slogan, pas d'appel aux armes. Juste redonner de l'espoir, sans aucune violence. Les ventes du Faux soir ont aussi permis de renflouer les caisses de la résistance (50 000 exemplaires ont été imprimés au total). 

Un fac-similé du Faux soir est fourni avec la bande dessinée, permettant de voir et lire cet exemplaire unique. Cette bande dessinée est un magnifique souffle de liberté, nous rappelant combien la liberté de la presse est précieuse pour garantir notre démocratie. 

 

Pour raconter ce récit, une enquête minutieuse a été nécessaire, avec groupe de travail régulier mais aussi visite dans des lieux emblématiques tels que le Musée de la Résistance, la rédaction du Soir, devant l'imprimerie aujourd'hui disparue, la mythique Place de la Bourse. Présent et passé alternent le récit, afin de nous comprenions les faits. Couleurs et noir et blanc se succèdent entre les deux époques à l'instar de la couverture. Réalisme des décors, lisibilité de l'action, tout confère une lecture captivante sur cet épisode méconnu de résistance et un bel hommage.             

 

 

Pour aller plus loin :

 

Pour connaître en détails, le déroulement de la création du Faux Soir (Wikipédia) et un reportage sur l'aventure du Faux Soir [21 min]