L'invention du vide de Nicolas Debon

L'aiguille du Grépon (3482 m), une aiguille de granit entourée de dalles lisses d'une verticalité affolante. Un rêve inaccessible ?    

Gravir les plus hautes montagnes est devenu une obsession au 19è siècle. Avant les habitants de la vallée n'ont que répulsion pour ce monde hostile et glacé et d'aucune utilité. Tout change avec l'arrivée des Anglais qui vont faire de l'exploit sportif de gravir une montagne en costume trois pièces un nouveau mode de vie.

 

Nicolas Debon propose de découvrir un de ces Anglais, Albert Frederick Mummery, natif de Douvres (1855-1895), venu dans les Alpes pour escalader les sommets les plus imprenables. Celui-ci a raconté ses exploits dans "My climbs in the Alpes and Caucasus" paru en 1895, dont s'est inspiré Nicolas Debon pour scénariser L'Invention du vide (2012).

 

Né en 1968, Nicolas Debon a fait l'Ecole des Beaux-Arts de Nancy. Il séjourne dix ans au Canada où il obtient de nombreux prix dont le Horn Book Award (un des prix de littérature jeunesse les plus prestigieux du continent non américain). Ses premières éditions en France datent de 2004.

Le Tour des Géants relate le Tour de France en 1910.

 

 

Résumé - Impressions :

 

28 juillet 1881, Albert Frederick Mummery revient à Chamonix en calèche. Déjà il aperçoit les aiguilles du massif du Mont-Blanc : le sommet des Charmoz qu'il a gravi l'an dernier et le Grépon à l'arête absolument infranchissable. Il retrouve deux guides qu'il connait bien : Alexander Burgener (suisse) et Benedikt Venetz qui fait fonction de guide, porteur et intendant.

Depuis Montenvers, les trois hommes décident de s'attaquer au Grand Dru. De là, le Grépon semble imprenable. Pourtant, aux lunettes, Mummery croit déceler un passage...

 

Fort documenté, L'invention du vide nous fait rentrer dans l'intellectualisation des courses. La préparation de l'époque nous semble aujourd'hui dérisoire. Mais les échecs de ses pionniers leur ont permis de goûter à la joie d'arriver en vainqueur au sommet. Les Alpes d'ailleurs formeront le mot alpinisme. L'aventure à l'époque est surtout humaine à travers les cordées, les séracs, les névés, les couloirs et faîte d'humilité.

 

La maîtrise du dessin à la gouache et aux crayons gras nous transporte dans un paysage fait de parois et de verticalité à couper le souffle. Le vécu de ce genre d'expédition paraît évident. Les cîmes donnent à voir le bleu pour horizon. Cependant les obstacles ne sont pas évincés avec une découpe des planches à dessin en gaufrier (12 cases) qui rend toute la technicité des passages franchis. Partez donc à la conquête de ces décors majestueux en oxygénant bien vos poumons mais n'oubliez pas :

"Le vrai montagnard est un vagabond... Par vagabond, j'entends un homme qui aime aller où aucun homme n'est allé avant lui : qui met sa joie à s'agripper à des rochers n'ayant jamais senti le toucher des doigts humains...A tailler sa route dans des couloirs de glace dont les ombres farouches sont le refuge des nuages et des avalanches. Les dalles décharnées et nues, les ressauts verticaux et précipiteux de l'arête... La glace noire du couloir en surplomb sont le souffle même de la vie de son être. La voie la plus difficile conduisant au pic le plus difficile est celle que l'on devrait toujours tenter."       


 

Pour aller plus loin :

 

Le Tour des Géants 

 

 

Photographie Aiguille du Grépon et aiguille des Grands Charmoz/ Simo Rasanen, 2010 [Creative commons copy]

 

Vidéo Nicolas Debon s'attaque à l'alpinisme en bande-dessinée/ F. Mazzega, L. Linot, M. Buisson.- Culturebox