Derrière le rideau de Sara del Giudice

Sara del Giudice est étudiante à l'Institut européen de design (IED) de Milan, section Illustration et animation. Pour son projet de fin d'études, elle doit réaliser une oeuvre.

Un petit garçon lors d'un concert joue à cache-cache avec un rideau. Petit à petit, une histoire se dessine et une forme particulière s'impose : la bande dessinée.

Au fil des mois, elle emprunte des événements au passé de ses quatre grands-parents, construit un récit avec d'autres faits imaginaires ou vécus par d'autres familles.

Enfin en 2022, paraît Derrière le rideau.   

Résumé - impressions :

Une petite ville de Provence, en 1937. Une famille bourgeoise, la famille de Yaël, huit ans et d'Emilie, sa petite soeur, est réunie. L'oncle Jean, la tante Nathalie, le cousin Julien, les grands-parents, ainsi que des amis et personnes proches sont présentes. La famille maternelle est juive et n'apprécie toujours pas que leur fille est épousée un "goy", c'est-à-dire un non-juif. Cependant la maman de Yaël est très malade. Quelques temps plus tard, elle meurt laissant Yaël et Emilie au bon soin de leur gouvernante, Mme Petit. Peu de temps après, leur père se remarie avec Ophélie...      

Nous sommes alors en 1939. La guerre éclate et les lois antisémites se mettent en place. Yaël et Emilie n'ayant pas grandi avec les rituels de la religion juive prennent alors conscience progressivement de leur appartenance religieuse et par le fait de leur identité. 

D'une enfance insouciante, pleine de rire et de soleil, Yaël comprend que les juifs sont stigmatisés, rejetés mais que l'impensable ne peut pas arriver. Le succès de la chanson "Tout va très bien, Madame la Marquise", interprété par Ray Ventura et ses Collégiens est encore dans toutes les têtes.

Pourtant, les lois évoluent. Un premier statut des Juifs est promulgué le 3 octobre 1940 par le régime de Vichy qui définit l'appartenance à la race juive suivant des critères arbitraires et interdit d'exercer certaines fonctions. Un second statut des Juifs est voté le 2 juin 1941 précisant certains points. La menace se précise, jusqu'à la rafle du 26 août 1942, à l'initiative de la police française, dans la zone libre. Yaël et Emilie parviendront-elles à s'échapper ? 

L'histoire est racontée à travers les yeux de Yaël et de son innocence. Le dessin tout en douceur, naïveté et rondeur, aux teintes surannées allant du vert, à l'ocre ou au vieux rose nous emporte dans l'époque des années 1930-1940, une sobriété en lien avec l'époque et ses événements. 

Un très beau premier roman graphique qui interpelle sur le devoir de mémoire et annonce une auteur à suivre.