Acqua alta de Daria Schmitt

Acqua alta est la première expérience en bande dessinée de Daria Schmitt.

Elle est parrainée par François Schuiten, le dessinateur belge de bande dessinée fou d'architecture qui a créé le cycle des Cités obscures avec son compère Benoît Peeters. La reconnaissance professionnelle est de taille !

 

Ici Daria Schmitt nous entraîne dans sa ville utopique d'Ultréquinoxe où se prépare le carnaval comme chaque année. Durant cette période, la cité ouvre ses portes aux habitants de la terre ferme qui guettent le train fantastique. Ceux qui montent à bord assisteront à la fête. La ville leur rendra alors peut-être "ce que le monde leur a pris" et certains pourront devenir citoyen et y demeurer.  

 

Acqua alta est développé en deux volumes publiés simultanément en septembre 2010.

 

 

 

 

 

Résumé - Impressions :

 

Le Pélican, un énorme dirigeable progresse vers Ultréquinoxe. Il amène tout le nécessaire pour préparer le carnaval. L'équipe des appariteurs est chargé de l'organiser. Ultréquinoxe est enfin en vue.

Mais le dirigeable est déséquilibré. Une boîte du chargement a triplé de volume. Luc et Mathieu, deux appariteurs précisent alors que cette boîte est une commande personnelle du maire d'Ultréquinoxe et qu'ils doivent la livrer. Cependant, le Capitaine décide de jetter la boîte par dessus bord. Luc et Mathieu sont entraînés dans la chute. Ils se retrouvent ballottés en pleine mer...  

 

Acqua alta est un projet que Daria Schmitt a mis trois ans à concrétiser. Architecte de formation, elle a pris l'habitude de dessiner des bâtiments, des rues. Progressivement, elle assemble le tout pour bâtir une ville. Elle y associe des personnages et une ambiance. Le scénario n'est venu qu'après, avec le soutien de François Schuiten.

Ses sources d'inspiration sont multiples. Ultréquinoxe s'inspire de la ville de Venise et de son carnaval. L'eau et les rêves de Gaston Bachelard renvoie à l'élément liquide et à sa symbolique. Luc et Mathieu, les deux seuls prénoms de l'histoire, font penser aux apôtres de Jésus, chargés de divulguer son message. Ici, ce sont des passeurs qui exercent le métier de manutentionnaire. Ils s'émancipent de leur rôle pour tenter de sauver la ville. D'autres allusions parcourent le récit : la boite de Pandore, Atlantis, la ville des morts,...

 

Ultréquinoxe représente un univers onirique très personnel. La couleur gris domine dans toutes ses nuances, pigmentée par des touches de couleur (habits rouges des appariteurs, cheveux des sirènes, visage-masque de Luc et Mathieu). Cette île-ville gigantesque a sa propre organisation avec un maire, un prêcheur et un général. Cette société structurée va être remise en question. Le phénomène d'acqua alta (hautes eaux) que la lagune de Venise connaît bien entre l'automne et le début du printemps va inonder Ultréquinoxe. L'eau redessine l'image de la ville au point que Luc et Mathieu ne la reconnaissent pas. Ces grandes marées vont-elles sonner le glas de la ville ? Une renaissance est-elle possible après le chaos ? Pendant ce temps là, la boîte quant-à-elle grandit toujours et garde son mystère.   

 

 

Pour aller plus loin :

 

Une rencontre avec Daria Schmitt sur Culture et dépendances

 

Elle expose ses planches dans certaines galeries et elles sont disponibles à l'achat. 

 

 

Photographie Gondoles de Venise/ Marc Ryckaert, 2006 [CC]